Clin d'oeil sur le passé ..

Colfontaine El Leu (6)

Pâturages
El’leu

Là, bien avant nous a chassé sur son territoire. 


L’ancienne Commune de Pâturages était comprise dans une vaste partie inculte et déserte, enclavée entre les territoires de Quaregnon, Eugies, Frameries et Jemappes.


Primitivement, elle s’étendait, vraisemblablement, du chemin de Binche vers le bois l’évêque en y comprenant la rue Mitoyenne d’Eugies et une partie de la Bouverie.


Les habitants de ces communes avaient le droit exclusif de faire paître leurs troupeaux, de tailler des coupes dans le bois et de tirer du sable et des pierres. (Chemin de Binche et bois l’évêque).


Le bois l’Evêque tout proche, les loups venaient se nourrir de quelques bêtes, ce qui provoqua une peur immense, d’où la naissance de croyance populaire.
Redouté par l’homme, il fut chassé, anéanti, exterminé… à tort ou à raison.
Désormais il hante toutes les pensées populaires depuis des générations.


Superstitieux, nos ancêtres virent en lui l’incarnation de l’esprit du mal.
Aussi quand ces canidés eurent disparu de nos contrées, chassés par les défricheurs et les bâtisseurs, leur fit-on place dans la légende et dans le folklore.
Sa naissance
Sous le patronage de l’administration communale “El d’jeu Dou leu” a eu lieu la première fois le samedi 26 août 1961, à l’ouverture de la 15ème Fancy-fair organisée par la LDEO l’initiative revient à Mr Marcel FLERON, secrétaire communal de Pâturages, président de la LDEO (Ligue pour la défense de l’enseignement officiel), aidé par Mademoiselle Irène DUPONT, trésorière de cet organisme.


M. Marcel FLERON pensait : puisqu’il y a des jeux folkloriques dans diverses localités, notamment “Le lumeçon” à Mons, pourquoi les Pâturageois que l’on appelle encore souvent “les leus Dou pasturache” ne pourraient-ils aussi posséder leur “leu de légende” ?


Messieurs le Bourgmestre A. DELATTRE et l’Echevin de l’instruction publique A. Nazé admirent aussitôt le principe.
Inutile et impossible de retracer les multiples difficultés rencontrées pour la réalisation. Citons un seul exemple risible : le directeur des usines Triumph de Vilvorde proposait à Marcel FLERON de fabriquer un “Leu” avec un vieux cheval de carrousel !


Le président entra en contact avec un Pâturageois bien connu, Georges DESTREBECQ, artiste céramiste. Celui-ci réfléchit quelques instants, fut rapidement conquis par l’idée et accepta. Il dessina un “Leu”, se mit en rapport avec le sculpteur François LENNE de Tertre pour la réalisation.
Ce ne fut pas “une petite affaire”. Pendant des semaines, les dévoués DESTREBECQ et LENNE travaillèrent sur le chantier de ce dernier à Tertre, en plein air, en bordure d’une route fort fréquentée.


Période de vacances, les passants, automobilistes, intrigués, s’arrêtaient de plus en plus se demandant ce que l’on réalisait. On en parlait de plus en plus dans la région. Oui, Car le “Leu” que nous avions voulu animal de légende mesure 5m de longueur, et pèse environ 400 kg. Il est composé de fer, toile spéciale, plâtre, etc.


Quand il fut terminé, juste quelques jours avant la fête, de nombreux Pâturageois et Pâturageoises, jeunes surtout se rendirent en voitures, motos, vélos à Tertre pour prendre possession de leur “Leu”. Celui-ci avait été hissé sur une plate forme confectionnée avec un châssis d’auto, lui-même tracté par un camion. Le parcours de 7 Km par Quaregnon dura environ deux heures. Ce fut une véritable manifestation de plaisir et de joie.


Et aussi que de difficultés imprévues : bris du train avant de la plate-forme, bris de la queue de l’animal au passage à niveau de la gare de Pâturages.
Tout finit bien, plaine de la commune, dans l’allégresse générale et si le temps était sec, on ne peut en dire autant des gosiers.
Posséder le leu, c’était quelque chose, mais il fallait un spectacle.


C’est ainsi que le maïeur, Ministre d’Etat, A. DELATTRE, composa une chanson de circonstance, que le chef de la fanfare ouvrière socialiste Monsieur Aimé GILMANT composa une musique dans laquelle on retrouve notamment l’air bien connu “il n’est pas mort, car il vit encore”.


C’est la jeunesse (moniteurs, monitrices et autres) de la colonie annuelle de vacances du centre de plein air, qui chantèrent, dansèrent et exécutèrent les rondes.


Déroulement du jeu à Pâturages.


A l’entrée du bois de Colfontaine (Tour du lait Buré), le leu est dissimulé dans les fourrés.


Des groupes partent de divers points du village : mineurs, hiercheuses, fermiers et fermières, bûcherons, chasseurs. Ils se rendent au bois, dans une clairière à proximité du repaire.


Une société instrumentale joue l’air de circonstance.
Un meneur de jeu conte l’histoire “Dou leu”.


Chaque couplet est accompagné d’une ronde effrénée à laquelle prend part la jeunesse (musique et chant).


Ensuite, les chasseurs conduits par leur chef (Monsieur Motte, le vétérinaire du village, un vrai chasseur qui aime ça) s’approchent avec précautions du repaire.


Les louveteaux sortent de celui-ci feignant de s’attaquer aux chasseurs et à la foule. Finalement, coup de feu et le leu abattu est amené au milieu de la clairière dans un grand vacarme (cris, pétards lancés dans les sous-bois, etc.).


Dans l’allégresse générale, un cortège se forme et gagne la plaine de la commune par l’avenue Fénélon (1.5 Km) – (Musique, chants, rondes, confettis).


Le jeu est recommencé plaine de la commune, centre du village. Le Leu est ensuite emmené dans le parc communal tout proche.


Le mardi soir, fin de la fancy-fair, autour d’un feu de joie (tas de bois et branchages), danses et musique en présence du Leu.


Celui-ci est ensuite remisé pour l’année suivante.


Texte repris dans divers document venant des archives de la bibliothèque communale de Colfontaine (Pâturages).


Actuellement, cette fête n’existe plus depuis des années, mais ! des rumeurs circulent qu’il va peut-être renaître.


PS : il a réapparu en cette fin du mois d’août 1997, grâce à l’ASBL la Coccinelle.


Bibliographie : documentation sur la commune, bibliothèque communale de Colfontaine (Pâturages), auteur et année inconnue.


L’image du “Leu” provient du document elle a été scannée, modifiée, nettoyée et convertie au format gif (option avec transparence).

Liens avec le Folklore

2 Responses

  1. Bonjour
    Mon nom ne vous dira certainement plus grand chose, mais mon papa a était dans les années 1950 échevin a Pâturages.
    Son nom est toujours inscrit sur la plaque d’inauguration du stade de Pâturages. Cornez Georges
    Georges Destrebecq était mon cousin ( fils de Maria Cornez/ Fernand Destrebecq).
    Ma question est la suivante la fête du Leu a t’elle repris vie, car en lissant je m’aperçois qu’il y aurait une reprise.

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